Ces coutumes sont une partie essentielle de l'état social de la Provence. Certaines se perpétuent encore aujourd'hui. Nombreuses d'entres elles ont disparu. Chaque village pouvait posséder également des traditions qui lui étaient propres qui se perpétuent davantage aujourd'hui.
Le jour de l'an : C'était un jour consacré aux visites et aux souhaits sincères ou faux de bonne année, santé, prospérité, félicité parfaite ... Cet usage existait du temps des romains. Ils s'envoyaient des présents, "strenoe", en provençal "estrenos". Ces présents consistaient il y a encore peu en bijoux, joujoux, bonbons et dans les communes rurales en quelques pièces de monnaie aux petits enfants.
Le 2 janvier : Chaque corporation adoptait un saint particulier pour patron et en célébrait la fête avec plus ou moins de pompe. Le corps des tailleurs célébrait la Saint-Clair. Les principaux maîtres invitaient autrefois leurs ouvriers et ouvrières à un repas splendide qui était suivi de la danse.
Le 6 janvier : C'est ce jour que commençait le carnaval, c'est également ce jour qu'autrefois on faisait la cérémonie du roi et de la fève.
Le 20 janvier : Les jeunes gens célébraient la fête de Saint Sébastien. Dans certains villages, c'était un jour de débauche où l'excès des boissons échauffait les cerveaux et amenait parfois des disputes.
Jeudi gras : Nom donné au dernier jeudi de carnaval qui était un jour de danse et de débauche. Dans certaines communes, on nommait ce jour la "calementreto". De jeunes gens s'en allaient par maisons, un panier au bras, une cruche et une brochette, quêter de quoi faire bombance. "Fes nous la calemantreto", disaient-ils à toutes les personnes qu'ils rencontraient, et ils recevaient des oeufs, des morceaux de pain, du vin, du lard, du petit salé, de la couenne quelquefois rancie, et de ces friandises ils se régalaient en société.
Le carnaval : Un grand nombre de bals, une multitudes de personnes masquées ou travesties parcouraient les rues le jour et la nuit. De grands repas étaient organisés avec une cessation de travail complète les trois derniers jours. Le lendemain, jour des Cendres, les jeunes gens promenaient un manequin qu'ils appelaient "Caremantran". Ce mannequin monté sur une rossinante était accompagné par toutes sortes de travestissements. Après un jugement, on brûlait "Caramentran" et le carnaval était entièrement terminé.
Les rameaux : Ce jour-là les marraines faisaient cadeau de leur première robe à leurs filleule; les riches donnaient un hochet d'argent ou d'or selon que leur générosité lee leur permettait. Les mamans ne manquaient pas de porter leurs enfants à la grande messe. Ceux en âge de pouvoir marcher avaient à la main des branches de laurier ou d'olivier garnies de petites fouaces au sucre. Certains y mettaient de la confiture glacée et des sucreries. Au retour de la messe, chacun s'empressait d'aller diner et de manger des pois chiches afin de ne point devenir bête. Ceci n'était pas une croyance, mais simplement une plaisanterie pour mettre en considération les enfants qui préféraient ce jour-là manger de la viande. Les quatres derniers jours de la semaine sainte après l'office du soir, les enfants munis de crécelles et de maillets de bois parcouraient les rues en faisant un grand bruit et frappant à toutes les portes. Ils appelaient cela "couchar caremo", chasser le carême. Le samedi saint, au moment qu'on chante à l'église le "Gloria in excelsis", on mettait toutes les cloches en branle. Les jardiniers qui attendaient ce signal avec attention s'empressaient de semer leurs couches de melons, pastèques et citrouilles; un moment avant les femmes s'étaient approvisionner d'eau bénite dans les églises.
Le 1er mai : Les païens avaient introduit la fête de la déesse Maïa qui se célébrait tous les ans le premier jour du mois de mai. Les demoiselles se réunissaient dans plusieurs quartiers d'une ville. La plus jolie était placée sous un dais décoré de guirlandes et de fleurs. Les autres priaient les passants de donner quelque chose pour acheter un voile, un bracelet ou tout autre bijou à la "maïo", celle qui représentait la déesse Maïa.
Saint-Eloi : Les forgerons, maréchaux ferrants, bridiers, bâtiers, bourreliers, carrossiers, charrons en célébraient la fête. Tous ceux qui avaient des bêtes de somme allaient les faire bénir. Le prêtre se tenait sur le seuil de la porte de l'église et donnait avec le goupillon de l'eau bénite à toutes les bêtes qui défilaient devant lui.
25 juin : Fête de la Saint-Jean Baptiste. Dans toutes les communes, la veille de la Saint-Jean, dès que la nuit était close, les habitants allumaient du feu devant leur porte. Hommes, femmes, enfants, tous dansaient autour des feux ou sautaient à travers les flammes. Cette fête se perpétue encore aujourd'hui dans de nombreux villages de Provence.
29 septembre : Jour de la Saint-Michel, choisi par les provençaux pour le changement de demeure. Un locataire louait aux fêtes de Paques une maison ou tout en partie pour en prendre possession au 29 septembre. Le déménagement qu'on faisait en pareil jour s'appelait faire Saint-Michel.
1er novembre : Après les vêpres, on se réunissait autrefois en famille pour faire la commémoration des parents décédés; on entretenait les jeunes gens des mérites des ancêtres et on finissait par des prières pour le repos des âmes des défunts.
25 novembre : Jour de la Sainte Catherine et fête des écoliers. Chaque instituteur avait autrefois le soin de réunir ses élèves, leur donnait lecture de la vie de cette sainte et les conduisait à la messe. Après ils faisaient un repas pour lequel chacun avait contribué de sa pièces de quelques sol.
4 décembre : Jour de la Sainte Barbe. C'était la fête des marins et des cannoniers. Dans les villes maritimes, on la célébrait par des salves d'artillerie et par des repas. Le peuple mettait ce jour là des grains à germer dans une soucoupe pour servir d'ornement à la cheminée ou au-devant de la crèche, et à la Chandeleur, ces plantes devenues aquatiques étaient mises dans le fumier parce qu'elles devaient préserver de la foudre les arbres qui auraient reçu de cet engrais.
25 décembre : Jour de Noël. En provençal "Careno" ou plutôt "Caleno". Cette fête est celle que les provençaux célébraient avec le plus de solennité. Les réunions des familles était obligatoire. On faisait de longs voyages pour pouvoir y assister. Plusieurs jours à l'avance, principalement pour le repas du soir de la veillée appelé "lou gros soupar" ou "lou soupar doou cachofuè", les femmes travaillaient aux apprêts, aux petites fouaces au sucre et à l'anis. La veille de Noël, à la nuit entrante, toute la famille se réunissait. Autrefois on commençait par procéder à la cérémonie du "cachofuè". Le père de famille conduisait par la main le plus jeune de ses enfants à la porte de la maison où l'on avait eu soin de placer une grosse bûche choisie pour être le "cachofuè". L'enfant muni d'un verre de vin faisait trois libations sur la bûche en prononçant le voeu que toute la famille arrivât sereinement à la fin de l'année d'après. Le verre passait ensuite à la ronde et était vidé par les assistants comme prenant part à ce voeu. Puis l'enfant soulevait une extrémité du cachofué tandis que le vieillard le saississait par l'autre bout et, aidés par les assistants, ils le portaient processionnellement jusqu'au foyer en répétant les paroles de la libation. Aussitôt que la bûche était placée on l'allumait, mais on avait soin de la ménager pour qu'elle ne se consumât que la veille du jour de l'an. Le jour de Noël se passait à table avec pour traditions les célèbres 13 desserts.